Sail GP : L’équipe canadienne relancée

RÉGATE INTERNATIONALE

Avec un nouveau propriétaire et un nouveau skipper, le Canada entame sa quatrième saison en bonne posture.

Un vent d’incertitude flottait autour de l’équipe canadienne à la suite du désistement du précédent propriétaire, Fred Pye, qui a jeté l’éponge faute de moyens financiers. L’équipe est retournée sous la tutelle de Sail GP en attendant une nouvelle offre. Il y en a eu plusieurs selon Andy Thompson, le directeur exécutif de Sail GP, mais l’organisateur, échaudé par la précédente expérience, cherchait avant tout de la stabilité à long terme. Greg Bailey, entrepreneur à succès en biotechnologie et dans le secteur financier associé aux sciences de la santé, avait le profil parfait pour convaincre le circuit de lui accorder sa confiance. Le montant de la transaction est demeuré confidentiel, mais on parle néanmoins de l’un des prix de vente les plus élevés du circuit à ce jour.

L’équipe canadienne n’était pas une mauvaise affaire. Sans être dominante, elle possédait trois ans d’expérience dans le circuit avec des résultats honorables et quelques victoires. 

Milliardaire, Greg Bailey bénéficie des moyens de ses ambitions. Il n’a pas tardé à recruter un patron d’équipe rompu à la gestion sportive en la personne de Phil Kennard. Cet ancien champion britannique de 49er avait roulé sa bosse sur le circuit de la PGA Tour, de la Formule 1chez Williams et de la Coupe de l’America. Patiemment, Kennard a réussi à convaincre son compatriote Giles Scott de prendre la barre du F50 canadien. Giles était pourtant le très heureux skipper de l’équipe anglaise, mais Kennard lui a fait comprendre qu’il pourrait tenir une place très importante dans cette équipe canadienne recomposée. Un joli coup de la part du manager.

Ce double médaillé d’or en Finn en 2016 et 2020, quatre fois champions du monde de la catégorie, a débuté en F50 avec les Italiens de Luna Rossa lors de la Coupe de l’America 2013. Il faisait partie de l’équipe Ineos pour la dernière Coupe avec Ben Ainslie et a commencé dans le circuit Sail GP avec une victoire à Halifax l’an dernier. Il est monté encore deux fois sur le podium au cours de la saison dernière à New York et San Francisco. Giles Scott présente le profil type recherché par les propriétaires d’équipes de F50. Détail amusant, Scott possède un passeport canadien pour avoir passé quelques années de sa jeunesse au bord de la rivière des Outaouais où il a d’ailleurs fait ses premières expériences à la voile.

Un autre britannique talentueux a rejoint l’équipe, Joe Glanfield qui a été l’entraîneur de l’équipe olympique anglaise. Ce double médaillé d’argent en 470 a déjà travaillé pour l’équipe canadienne sur le circuit Sail GP avant d’être recruté par les Etats-Unis. Il est de retour chez nous pour la nouvelle saison.

Le régleur d’aile Paul Campbell-James est le quatrième larron britannique de l’équipe. Il apporte beaucoup d’expérience avec lui puisqu’il a débuté à ce poste en 2017 dans l’équipe de la Coupe de l’America. Le Torontois Billy Gooderham demeure à son poste de contrôleur de vol. Cet habitué des circuits professionnels depuis 2012 est un gage de stabilité pour l’équipe. Il avoue ne pas se rappeler grand-chose des régates de F50, lui qui reste le nez rivé sur l’étrave du catamaran pour conserver l’angle de vol. 

Au poste de stratégiste, deux profils olympiques alterneront avec Annie Haeger (470) et Georgia Lewin-Lafrance (49 er – 11e aux JO de Paris 2024). 

L’équipe est bien consciente du chemin à parcourir pour se faire une place régulière sur les podiums, mais elle a retrouvé beaucoup de confiance avec un nouveau propriétaire qui lui apporte stabilité et sécurité.

La saison 2025 en sera certainement une de consolidation pour cette équipe recomposée, mais les fondamentaux, depuis le pont du bateau jusqu’au bureau des opérations, sont très sains et permettent d’espérer de bons résultats.

La sixième place lors du premier Grand Prix de Dubaï, disputé dans des vents faibles, n’est ni un succès, ni un échec. La huitième place en Nouvelle Zélande est décevante, mais elle tient au fait que le contrôleur de vol Billy Gooderham s’est blessé avant la première régate du dimanche. Il était sous le vent quand le bateau a complètement planté dans l’eau. Il a subi une blessure qui a forcé son évacuation vers un hôpital lorsqu’un mur d’eau s’est abattu sur lui avec violence. C’était terminé pour le Canada qui n’a décroché qu’une place de troisième dans l’une des manches du samedi à Auckland.

Chaque pays présent dans le circuit se voit attribuer un Grand Prix sur son territoire, mais le Canada en sera pourtant privé cette année. Le circuit Sail GP courtise beaucoup le Moyen Orient et ses pétrodollars, mais il sera néanmoins de retour au Canada en 2026 dans une ville encore à déterminer.

 

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