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Waszp, l’avènement de la culture foil - Voile Québec

Waszp, l’avènement de la culture foil

Avec la collaboration d’Adrien De Pas

 

« Lorsque les gens qui ne connaissent pas la voile regardent une manche olympique en Laser, ils s’ennuient. Avec des bateaux qui volent à 20 nœuds et plus, c’est une autre histoire; tu attires leur attention ». Tyler Bjorn sait de quoi il parle, lui qui a été entraîneur au Yacht Club Royal Saint-Laurent. « J’avais l’impression de répéter inlassablement les mêmes choses, les mêmes gestes et de voir la pratique sportive stagner » ajoute Tyler qui est désormais le représentant de la marque Waszp en Amérique du Nord, après une collaboration avec l’équipe canadienne Sail GP. « Ce qui se passe en ce moment avec les foilers me rappelle ce que me disaient mon père et Ian Bruce à propos du Laser lorsque le bateau est apparu dans les années 1970 : une stricte monotypie, un bateau simple, économique et amusant. C’est exactement ce qui arrive aujourd’hui avec le Waszp » ajoute Tyler Bjorn.

Le Waszp est né du crayon d’Andrew McDougall, un ingénieur en mécanique et régatier australien qui est aussi l’architecte du foiler Moth Mach 2. La première unité de ce dériveur en verre/époxy sous infusion construit par McConaghy en Chine est sortie en 2016. Le bateau prêt à naviguer ne pèse que 48 kg. Une plume. Le mât en carbone autoporteur supporte une voile de 8,2 m2 contrôlée par un wishbone. Deux autres surfaces de voile (5,8 et 6,9 m2) permettent aux plus jeunes de débuter dans la série. Une fois ses ailes repliées, le Waszp ne mesure plus qu’un mètre de largeur, ce qui facilite d’autant son transport.

Le coût d’acquisition d’un Waszp est de 12 000 $ US. La série est strictement monotype avec une seule source d’équipements par l’intermédiaire d’un fournisseur unique. Pour limiter les coûts, appendices et foils sont en aluminium et non en composite. Les bateaux sont néanmoins équipés avec des instruments multifonction qui livrent beaucoup de données : chronomètre, distance vers la ligne de départ, cap, vitesse, positionnement GPS. On peut récupérer ces données pour les analyser et les comparer, ce qui ouvre un champ de prospection technologique très intéressant, tout à fait dans l’air du temps.

Le Waszp ne fait pas que voler sur l’eau, il surfe sur les quatre continents et attire toujours plus de jeunes régatiers. Cet hiver, lors de la première journée d’inscription au championnat du monde 2025 qui se déroulera à Weymouth en Angleterre, cent soixante-dix athlètes originaires de dix-sept pays se sont enregistrés en 24 h. On attend deux cent cinquante participants en juillet prochain.

À l’heure actuelle, 1700 unités naviguent à travers le monde, du Chili au Japon. Le fait que le bateau monte sur ses foils dès 5 à 7 nœuds de vent et soit capable de dépasser couramment les 20 nœuds explique certainement les raisons du développement rapide de cette classe qui sera bientôt homologuée par les responsables de World Sailing. On peut compter dans un futur rapproché sur la mise sur pied d’un championnat du monde junior de la catégorie.

Si les jeunes constituent la clientèle principale, des navigateurs d’âge mûr se laissent volontiers tenter par la formule foil, autant pour avoir l’impression de rester dans le coup que pour le plaisir de planer une heure à toute vitesse.

 

Le Waszp expliqué par Adrien De Pas

Adrien De Pas, 18 ans, a débuté la voile sportive en Laser. Un bateau qu’il juge dur sur le corps et qui lui a valu de se blesser le dos au rappel. Il est passé au Waszp à l’âge de 17 ans.

« Je n’étais pas assez bien préparé pour le Laser, d’autant plus que je n’étais pas passé auparavant par l’Optimist. Je souhaitais me positionner le plus rapidement possible sur un bateau à foil, tout simplement parce que c’est l’avenir de la voile. Si l’on envisage de gagner sa vie un jour dans le monde de la régate, c’est devenu un passage obligé.

Les débuts sont difficiles parce que les sensations sont différentes et que les gestes sont contre-intuitifs par rapport à ce que l’on a connu sur d’autres supports. C’est comme s’il fallait tout réapprendre et s’habituer à de nouvelles sensations. Le bateau n’a pas de stabilité initiale, il faut naviguer au près à la contre gîte et les accélérations modifient sans cesse le vent apparent. Ça prend plusieurs sorties avant de voler et pas mal d’heures dans l’eau!

L’allure la plus commode au départ, c’est le vent de travers. Ça se complique au près et encore plus au portant. Au près, on ne touche quasiment pas à la barre et on contrôle le vol avec l’écoute. Plus tu prends de l’expérience, plus le jeu de l’écoute devient un automatisme; tu te fies à l’angle de gite et à la vitesse. C’est tout le contraire au portant où l’on ne règle pas la voile. On barre pour trouver le bon angle de descente tout en conservant de la puissance dans la voile. C’est un équilibre constant à maintenir entre cap et puissance.

L’objectif à atteindre, c’est de conserver le vol, surtout pendant les virements et les empannages, et c’est là le plus difficile. Je dirais qu’il faut pratiquer au moins deux cents empannages avant de trouver la recette et quatre cents virements de bord. Il faut parvenir à développer des automatismes pour manœuvrer sans hésitation. Le timing est capital. Là encore, il faut réapprendre les mouvements dans les manœuvres. En Laser, ton corps passe en même temps que la voile. Sur le Waszp, tu te déplaces avant le passage de la voile, un autre geste contre-intuitif.

Le foil principal au bout de la dérive est mobile dans le plan horizontal, comme un volet d’aile d’avion. Il se règle automatiquement par le wand, une baguette pivotante logée sur l’étrave. Plus le bateau vole haut au-dessus de l’eau, plus la baguette se trouve en position verticale et réduit la portance du foil par un système de palan. À l’inverse, lorsque le bateau est plus bas, le wand accuse un angle avec la surface de l’eau et augmente l’incidence du foil. On a aussi un contrôle manuel sur l’incidence du foil pour faire varier la portance. Par mer plate, on cherche à voler le plus haut possible. C’est un défi dans les vagues où l’on réduit la hauteur du vol pour éviter de décrocher.

Les volets du safran ne sont pas ajustables, mais on peut régler le calage avant/arrière pour contrôler l’assiette. Le réglage se fait par un contrôle rotatif intégré dans le stick. Le chantier est d’ailleurs en train de développer un nouveau profil pour réduire la cavitation.

L’aspect physique est important. Il faut tenir le rythme pendant une régate de cinq jours. C’est un bateau qui exige agilité et souplesse pour rester fluide dans les manœuvres » conclut Adrien qui se déplace souvent aux Etats-Unis pour régater et qui sera sur la ligne de départ en Angleterre pour le championnat du monde.

Propager la culture foil

Lorsque l’équipe canadienne est arrivée sur le circuit Sail GP en 2022, elle s’est heurtée à la réalité : la quasi-absence de régatiers et de programme d’entraînement sur foil. L’équipe a donc mis sur pied le programme WeCANfoil pour faire découvrir la navigation sur foil aux jeunes canadiens. La simplicité et le faible coût du Waszp en faisaient la plateforme toute désigner pour cela.

Des cliniques d’essais de foiling ont fait le tour du Canada pour faire connaître cette nouvelle façon de naviguer et inciter les clubs à mettre sur pied des programmes d’entraînement. L’initiative a porté fruit puisqu’on dénombre désormais une centaine de coureurs sur Waszp au Canada actuellement, dont une vingtaine au Québec. Il reste néanmoins beaucoup de travail à faire pour inciter les écoles de voile à s’orienter vers le foil. Cette nouvelle culture de la voile bouleverse les habitudes et il faudra aux clubs du temps pour s’adapter vers ce qui sera de toute évidence le futur de la voile de compétition.

De son côté, Sail GP a démarré un programme qui veut stimuler la pratique du foiling chez les jeunes. En 2025, toutes les équipes du circuit sélectionneront un garçon et une fille pour disputer une régate en Waszp. Les vainqueurs repartiront avec une bourse de 10 000 $ US.

Adrien De Pas lors du championnat des Amériques de Waszp à Hawaï.
Kingston Deux jeunes régatiers canadiens du programme WeCANfoil en action à Kingston. Photo WeCANfoil
Adrien De Pas
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